Qui de nous n’a pas dit au moins une de ces phrases pendant que nous étions élèves ? Qui de nous – adultes – n’a pas entendu au moins une de ces phrases de son enfant ou d’un mineur de son entourage ? Qui de nous – enseignants - n’a pas fait face à ces phrases et leurs équivalents des dizaines ou même des centaines de fois pendant sa mission ?
Pourquoi cette démotivation ? Renoncement passif. Non-communication. Rupture. Incompatibilité. Refus. Rejet. Passivité. Phobie, Incapacité, Indifférence. L’élevé vit alors un rapport négatif à l’école.
Sachons d’où vient ce rapport négatif.
Tout d’abord, la notion de l’obligation scolaire, notamment les horaires scolaires, l’uniforme, le règlement intérieur, le programme scolaire et …. fait l’objet d’une imposition et met l’élève dans la case spectateur, récepteur et provoque le rejet de l’école. Qui dit rejet de l’école, dit retrait d’investissement de son énergie dans les consignes de classe.
Ne faut-il pas que l’adulte se rende compte combien les obligations frustrent les élèves afin qu’il essaye de leur trouver des marges légitimes de liberté et d’activité ?
Vient ensuite la classe, lieu d’incompréhension. L’enseignant considère que son travail est de restreindre ou d’empêcher la communication élèves - élèves, de figer les relations enseignant – élèves, de favoriser les papiers, les notes et le programme aux dépens du facteur affectif. Le fonctionnement de la classe tourne autour de l’attitude, de l’action et des aptitudes de l’enseignant, monopole de toute parole, action et décision.
Quel espace laisse-t-on pour que l’apprenant se sente compris, voir présent ? Quoi de mieux pour sombrer dans sa démotivation ?
Puis, le risque de l’échec bloque l’envie et l’aptitude de l’élève à se lancer dans un travail scolaire. Il se contente alors de suivre le train – train des exigences scolaires pour éviter l’échec et perd – en cours de route – le plaisir, s’il avait jamais existé ; éviter l’échec étant éviter le regard humiliant de l’autre à l’école et les réactions désagréables en famille.
L’école ne fait-elle pas ainsi de la réussite sur le papier la priorité aveuglante des apprenants qui se désintéressent, par la suite, de tout slogan chantant culture, communication, épanouissement ?
N’oublions pas, d’ailleurs, que le rapport de la famille à l’école selon son parcours dessine le graphique de la motivation de l’enfant. Des parents qui ont quitté l’école normalise l’échec d’où le « laisser-faire » de leurs enfants. Des parents qui ont vu que l’école est un passage obligé pour un avenir professionnel ne comprennent pas la valeur des cours de sport, d’activités et de projets parascolaires. Conséquence : l’orientation des enfants est exclusivement conditionnée par les notes et le verdict professoral. Et les élèves curieux et impliqués viennent de familles cultivées, équilibrées.
Tout comme, le parcours scolaire, universitaire et culturel de la famille cause la démotivation des apprenants, les caractéristiques sociales (divorce, séparation, problèmes conjugaux ….). L’être humain qu’est l’apprenant arrive à l’école à 7h30 ayant sur ces épaules tout le poids de sa vie de famille et repart à 14h20 pour la retrouver. Comment dans un intervalle de 6 heures, l’enseignant pourrait-il connaître une créature fraiche et dispose en cas de troubles familiaux ?
Pour atteindre ses objectifs avec ses élèves, l’enseignant a besoin d’explorer et d’assimiler l’enjeu de leur résistance et de de leur désintérêt. Aucun élève ne changera sous la pression ou l’obligation ou la peur. Il vaut mieux comprendre l’élève pour arriver à une meilleure relation avec lui. Il vaut mieux comprendre son comportement, celui du rejet du savoir ou de l’indifférence plutôt que l’agresser ou que de se sentir agressé par lui ou culpabilisé en se croyant la cause de son échec. L’enseignant retourne alors cette culpabilité contre l’élève sous forme de rejet et de reproches. Conséquence : culpabilité – agression – reproche tournent en rond. Plus grave encore, une fois que la tension s’est installée entre l’enseignant et l’élève, tous deux souffrent et toute évolution devient impossible.
La démotivation n’est donc pas signe de mauvaise volonté ou rejet de l’autre, c’est ce que l’enseignant doit décoder et c’est ce qui l’aidera à décrisper la relation : Il suffit que l’enseignant le regarde autrement, lui parle autrement et la tension tombe.
Comment l’enseignant pourrait-il « regarder autrement » l’élève ?
Pour qu’un enfant soit disponible à l’apprentissage, quels besoins plus fondamentaux que la curiosité intellectuelle doivent être satisfaits ?
Nombreuses sont les théories qui expliquent les besoins : FENOUILLET et la théorie de V.I.E, la théorie de l’auto- détermination (TAD), la pyramide des besoins de Porter, celle de Maclleland et celle de MASLOW, la plus répandue et celle que je trouve la plus pratique.
Survolons l’étude des besoins selon Maslow
Selon lui, les besoins peuvent être regroupés en cinq catégories principales hiérarchisées de sorte qu’un besoin supérieur ne s’exprime que lorsque les besoins du niveau immédiatement inférieur sont satisfaits. Cette théorie se résume bien dans le dicton : « ventre vide n’a pas d’oreilles ». Le besoin physiologique n’est pas adéquat dans le contexte de la vie scolaire. Assurons à l’élève la sécurité – niveau 2 -, il pourra appartenir et répondre aux engagements de l’appartenance, niveau 3. Invitons-le à appartenir, il pourra dessiner positivement son image : besoin d’estime – niveau 4. Estimons-le, il arrivera au sommet, le besoin de s’accomplir – niveau 5, où l’on trouve créativité, production et élan.
Dans un climat d’insécurité, de non-appartenance, de non-reconnaissance, il sera impossible de trouver un élève motivé qui cherche à se réaliser et capable d’influencer son travail.
En d’autre termes et plus concrètement, assurons à l’élève quelques garanties et suivons les résultats.
Il faut à l’élève des garanties émotionnelles.
Suivez-nous la semaine prochaine pour découvrir les garanties émotionnelles et rationnelles de la motivation scolaire.